Rohrau 31 mars 1732
Vienne 31 mai 1809
Autriche
Son père Matthias Haydn (1699-1763) était charron et
fils de charron. Sa mère, Maria Koller
(1707 1 1754) était cuisinière du comte Harrach.
Ils eurent douze enfants: Joseph fut le second et Michael le
sixième. Joseph
Haydn épousa (1760)
Maria Anna
Keller (1729-1800), fille
d'un perraquier, inintelligente et acariâtre. L'union fut
malheureuse: le ménage se sépara au bout de quelques
annces et n'eut pas d'enfants.
Matthias et sa femme aimaient la musique et chantaient, sans
toutefois posséder la moindre culture musicale. Le petit
Joseph les étonnait par ses dons et la justesse de sa
voix. A six ans, il est envoyé chez un cousin, J. M. Franck,
maître d'école à Hainburg, qui lui enseigne
le chant et des rudiments de clavecin et de violon. En 1740,
G. Reutter, Kapellmeister à la cathédrale
Saint-Étienne, I'entend à Hainburg et l'emmène
à Vienne comme choriste. Un beau jour, sa voix commencé
à muer; sous le prernier prétexte, une farce comme
il aimait en faire, il est mis à la porte (1748). Sans
ressources, il s'installe dans un grenier, grâce au secours
d'un ancien confrère de la maîtrise, et s'absorbe
dans l'étude solitaire des lois de la composition. En
1751, il compose sa première messe, et un ami lui commande
la musique d'une farce de son cru, Der krumme Teufel (sorte
d'opérette). A la même époque, grâce
à Metastasio, qui habitait les étages plus
nobles de la même maison il rencontre le célèbre
Porpora qui l'engage comme accompagnateur et
lui enseigne en contrepartie sa méthode de chant et l'art
de la composition. En, 1753, il suit son maître aux eaux
de Mannersdorf: il y rencontre Wagenseil Dittersdorf et
Gluck, qui lui conseille d'aller étudier
en Italie. Haydn rêvera longtemps à ce projet de
voyage qu'il ne pourra jamais réaliser: il se contentera
de dévorer le Gradus ad Parnassum de Fux et d'ecouter l'illustre Porpora.
En 1755, un riche mécène, K. J. von Furnberg, I'invite dans sa maison de campagne à
Weinzierl, où se réunissaient des musiciens. Il
compose pour cette assemblée sa première symphonie
et ses douze premiers quatuors (op. I et 2), se faisant
une réputation parmi les amateurs viennois, si bien qu'en
1759 il est nommé Musikdirektor du comte Morzin
près de Pilzen (Bobeme).Il trouve là un orchestre
privé pour lequel il écrit un bon nombre de pièces
instrumentales (dont une demi-douzaine de symphonies). En 1761,
il entre au service des princes Esterhazy
auxquels il demeurera attache presqué toute sa vie comme
Kapellmeister, d'abord à Eisenstadt puis à Esterhaz
près du lac de Neusiedler. Dans cette somptueuse demeure,
dont on compara le luxe avec celui de Versailles, têtes
couronnées et grands personnages étaient reçus
de la façon la plus charmante. Deux théâtres
(dont un de marionnettos) y fonctionnaient avec le concours des
musiciens de la cour, de chanteurs italiens engagés à
l'année et de virtuoses de passage. Haydn composa pour
Esterhaz presque toutes ses oeuvres de théâtre la
plus grande partie de ses symphonies et de sa musique de chambre.
Coupé de Vienne et du monde, il était bien obligé,
disait-il, de devenir original. Jusqu'à la mort du prince Nicolaus en 1790, il ne quitta pas Esterhaz,
malgré sa célebrité grandissante, excepté
quelques voyages à Vienne: notamment en 1769, lorsque
toute la troupe du prince donna des représentations à
Vienne et à Schönbrunn, et dans l'hiver 1781 1782
lorsqu'il rencontra Mozart pour la première fois (début
d'une affection et d'une admiration mutuelles entre les deux
musiciens). Le successeur du prince Nicolaus se sépara
de ses musiciens. Haydn conservait ses appointements et son titre,
mais n'étant plus occupé il se sentait libre d'accepter
une invitation à Londres, dont le violoniste Salomon avait pris l'initiative. Il était
chargé pour l'occasion de composer une série de
symphonies nouvelles: ce fut la première série
de 6 symphonies «de Londres» (n° 93
à 98). Londres fit au musicien un accueil triomphal.
En 1794 1795, il entreprit un second voyage, qui se solda par
une nouvelle série de symphonies « de Londres
» (n° 99 à 104) et de nouveaux triomphes.
Lorsqu'il rentra à Vienne, sa renommée était
universelle. Cette année-là, trois de ses symphonies
londoniennes furent données à la Redoutensaal au
cours d'un concert où Beethoven (qui avait été
quelque temps son élève deux ans plus tÔt)
interpréta son premier concerto de piano; trois semaines
plus tard, dans la même salle, les deux grands musiciens
participaient à un nouveau concert de leurs oeuvres. Haydn
avait été profondément impressionné
en Angleterre par le God save the King; aussi décida-t-il
en 1797 de composer un hymne impérial dans le même
esprit; ce fut le fameux Gott erhalte unsern Kaiser, devenu
l'hymne national allemand, depuis 1922. Il aima, jusqu'à
la fin de ses jours, cette belle mélodie qu'il introduisit
avec des variations dans son Quatuor op. 76 n° 3.
En 1808, il fit sa dernière apparition en public à
une audition de la Création, dirigée par
Salieri
qui se termina en apothéose.
Son émotion fut telle qu'il dut quitter la salle après
la première partie, Beethoven alors
se précipita pour lui baiser les mains. Peu après
le bombardement de Vienne, il mourut en pleine occupation française,
dans la nuit du 30 au 31 mai 1809. Au cours de l'importante cérémonie
funèbre, le 15 juin, on joua le Requiem de Mozart
L'oeuvre immense de ce pur Viennois est à I'image de sa
personnalité. La perfection soigneuse de son style, I'originalité
et la spontanéité de son inépuisable invention
mélodique suffisent à faire de Haydn un musicien
de première grandeur.
Parmi ses oeuvres: 1 opérette allemande, 17 opéras
italiens, des opéras pour marionnettes, de la musique
de scène. 14 messes (soli, choeurs et orchestre), 2 grands
Te Deum et un Stabat Mater (soli, choeurs, orchestre),
des offertoires cantiques, etc. Des oratorios: Il rittorno
di Tobia (1775), Die Srhöpfung (la Création)
(1798), Die Jahreszeiten (les Saisons) (1801) . Des choeurs
et cantates de circonstance, cantates et airs italiens à
I voix, 47 lieder allemands, 14 airs anglais, des duos, des trios
et quatuors vocaux, environ 50 canons (2 à 8 voix), arrangements
de 450 chansons du folklore britannique. 104 symphonies (dont
les plus belles sont les 12 dernières, dites «
de Londres »), 16 ouvertures, Die sieben Worte des
Erlösers am Kreuze (sorte de grand oratorio symphonique
se composant de 7 « sonates », d'une introduction
et d'une conclusion, Haydn en fit deux arrangements, I'un pour
choeurs et orchestre, I'autre pour quatuor a cordes), 35 danses
allemandes, de nombreux concertos (15 pour clavier 8 pour violon,
5 pour violoncelle, 1pour contrebasse, 2 pour cor, I pour trompette,
2 pour hautbois, 5 pour deux lire da braccio. Des divertimenti,
cassations, trios, etc., 84 quatuors à cordes (y compris
les 7 de 1'op. 51 d'après Die sieben Worte),
31 trios avec piano, 60 sonates pour piano.
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