PLAN DE LA RUBRIQUE
1- Antiquité
2-Période classique
3-Période romantique
4-Période contemporaine

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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grands harpistes
1- DE L'ANTIQUITE A LA PERIODE CLASSIQUE

Si les noms de quelques harpistes de l'Antiquité nous sont parvenus, ils représentent surtout un intérêt anecdotique. En Perse, sous les Sassanides, on reléve le nom du harpiste Sakisâ et, à la fin du , II ème siècle, Rome fait un triomphe à un Egyptien, joueur de harpe angulaire, nommé Alexandre.

Dans les pays Celtiques, les harpistes sont mêlés à la légende. Eugen O'Curry raconte comment les ancêtres des Irlandais, vers 1800 av. J.-C., délivrèrent le harpiste Uaithme, prisonnier de leurs ennemis, les Fomorians, et récupérèrent sa harpe magique. L'instrument, accroché au mur d'une salle où banquetaient les Fomorians, se décrocha à l'appel du druide des Irlandais, et tua 9 personnes. Alors, le druide se mit à jouer selon les 3 modes en usage: il joua le Goltraighe, jusqu'à ce que les femmes fondent en larmes; le Gentraigie, jusqu'à ce qu'elles éclatent de rire; et enfin, le Suantraighe, jusqu'à ce que tout le monde soit endormi. Après quoi, les Irlandais purent sortir sans dommage du repaire des Fomorians, en emportant la harpe et le harpiste.

O'Curry nous livre ensuite les noms des 9 harpistes du roi Conaire Mor (tué en 33 av. J.-C.), dont un manuscrit ancien nous donne une image apocalyptique: « Je vis 9 autres musiciens, avec 9 chevelures bouclées, 9 vêtements bleu clair flottants, parés de 9 broches d'or, 9 anneaux de cristal aux mains, l'anneau d'or aux oreilles, un collier d'argent au cou de chacun d'eux, 9 boucliers aux blasons d'or au-dessus d'eux, pendus au mur, 9 baguettes d'argent dans leurs mains ». Au Pré-Moyen Age, la harpe chez les Gallois est pratiquée par la noblesse, voire le roi ! Le harpiste de la Chapelle royale jouit d'une situation privilégiée: Huitième officier dans la hiérarchie de la cour, il reçoit, entre autres cadeaux, une harpe d'ivoire; il accompagne le roi à la guerre et choisit son butin immédiatement après lui. La loi interdit de saisir la harpe d'un noble et la tradition prétend que trois choses sont nécessaires à un gentilhomme: « Une épouse vertueuse, un coussin sur son siège, et une harpe bien accordée. »

C'est à partir du Moyen Age que des noms de harpistes, moins légendaires, puisqu'on peut les situer dans le temps, sont parvenus jusqu'à nous: ainsi, en Irlande, Maelrooney O'Carroll, tué en 1329 à la bataille de Bragganstown, et Carroll O'Daly mort en 1405.

En Angleterre, à la suite de Guillaume le Conquérant, de nombreux harpistes, d'origine française, accolent à leur prénom le sobriquet de harpour. A partir du Moyen Age, les chroniques et les livres de comptes nous indiquent les noms et les émoluments de nombreux harpistes attachés à des chapelles musicales françaises, flamandes ou italiennes, tandis que, dans les îles Britanniques, la harpe et les harpistes continuent à tenir une place importante dans la vie quotidienne, et que, au Pays de Galles, William Pennlynn (vers 1530) note pour la première fois la musique de harpe celtique.
En Italie, on connaît les noms de quelques harpistes qui pratiquaient l'arpa doppia avec talent:
Orazio Michi (Alifa, 1595-Rome, 1641), surnommé « Orazio dall arpa », pour son habileté à jouer de la harpe double. Marco Marazzoli (Parme, 1619-Rome, 1662), qui se fit entendre à Paris, chez le cardinal de Mazarin, et Stefano Landi (Rome, 1590-1655), qui fut le premier à employer couramment la harpe dans l'orchestre.
En Espagne et au Portugal, si la vihuela est la grande favorite, on compte toujours 2 ou 3 harpistes dans les chapelles royales: ainsi, en 1633,
Juan Hidalgo, Lope Machado et Bartholomé Jobernardi.

En Angleterre, le jeune harpiste Powel1 inaugure la lignée des grands virtuoses, en interprétant, en 1735, le Concerto en si b, n° 6, op. I V, de G. F. Haendel durant l'entracte de la fête d'Alexandre; mais c'est grâce à l'invention des pédales que les solistes se multiplient, et que la technique de la harpe connaît son plein épanouissement.

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